WorldSkills Shanghai 2026 face à la pénurie mondiale de talents, à l’essor de l’IA et aux enjeux de souveraineté industrielle

De Shanghai à Düsseldorf un nouvel écosystème mondial se structure autour des métiers et de l’innovation

  • WorldSkills Shanghai 2026 au cœur de la pénurie mondiale de talents et de l’essor de l’IA
  • La Chine mise sur la formation technique pour renforcer sa souveraineté industrielle
  • L’événement marque une convergence entre éducation, innovation et politiques publiques
  • L’Europe prépare sa relève avec WorldSkills France 2025 et EuroSkills 2027 à Düsseldorf

(NOUVELLES) PARIS / SHANGHAI, 5-Oct-2025 — /EuropaWire/ — À moins d’un an de la 48ᵉ édition du concours WorldSkills, qui se tiendra à Shanghai du 22 au 27 septembre 2026, la dynamique mondiale autour des compétences et de la formation professionnelle s’intensifie. Selon une annonce de presse publiée sur EuropaWire, la Chine a lancé le « sprint final » vers l’un des plus grands événements internationaux dédiés aux métiers, réunissant les meilleurs jeunes professionnels du monde entier.

Un événement mondial à la croisée de l’économie et de la formation

L’édition de Shanghai 2026 marquera une étape clé dans l’évolution des compétences professionnelles à l’échelle mondiale. Le programme comprendra 64 épreuves, dont 57 disciplines techniques réparties dans six secteurs, avec l’ajout de nouvelles catégories telles que la technologie ferroviaire et la sécurité intelligente. Ces nouvelles épreuves traduisent la mutation rapide des industries face à la transformation numérique, à la transition énergétique et à la montée en puissance des technologies émergentes.

Les inscriptions en ligne ouvriront le 13 novembre 2025, à la suite de la présentation officielle des forfaits de participation lors de l’Assemblée générale de WorldSkills en Croatie, le 13 octobre. Le recrutement des bénévoles est d’ores et déjà lancé, mobilisant des milliers de jeunes pour assurer l’accueil, la logistique et la sécurité sur les sites de compétition, les aéroports et les gares à grande vitesse.

La campagne de communication, centrée sur la jeunesse et la valorisation des métiers, bénéficie du soutien de l’acteur chinois Xiao Zhan, désigné ambassadeur promotionnel. Sa participation a généré plus de 500 millions de vues sur les réseaux sociaux chinois, faisant de cette campagne la plus virale de l’histoire de WorldSkills.

Sur le plan institutionnel, plusieurs entreprises stratégiques — dont ICBC, la Banque des Communications, SAIC Motor et BOSS Zhipin — ont confirmé leur rôle de sponsors nationaux, démontrant la convergence croissante entre le secteur privé, les pouvoirs publics et les institutions éducatives dans le développement des compétences.

Une réponse aux mutations globales du marché du travail

Selon les estimations de l’OCDE et du Forum économique mondial, près de 1,1 milliard d’emplois dans le monde seront transformés par la technologie dans les dix prochaines années, et 50 % des travailleurs auront besoin d’une reconversion ou d’une montée en compétences d’ici 2030. Dans ce contexte, WorldSkills apparaît comme un baromètre mondial de l’évolution des compétences.

Les épreuves reflètent désormais la fusion entre les métiers traditionnels et les technologies de pointe. Par exemple, les compétences en fabrication additive, cybersécurité, automatisation industrielle et énergies renouvelables font partie intégrante de la compétition. Cette convergence illustre une tendance globale : la frontière entre le savoir-faire manuel et les compétences numériques s’efface progressivement, redéfinissant les profils professionnels recherchés.

En Chine, l’organisation de WorldSkills 2026 s’inscrit dans la stratégie nationale de montée en compétence des jeunes travailleurs. Pékin a mis en place un comité d’organisation national et un bureau exécutif local chargé de renforcer la coopération entre universités, entreprises et centres de formation. Cette initiative vise à promouvoir un modèle éducatif orienté vers la pratique, la recherche appliquée et la compétitivité industrielle.

Le modèle européen et la dynamique française

L’Europe avance sur la même trajectoire. En France, la Compétition nationale des métiers 2025, organisée à Marseille du 16 au 18 octobre au Parc Chanot, réunira environ 800 compétiteurs régionaux dans 69 métiers, répartis sur six pôles (alimentation, BTP, industrie, services, communication & numérique, automobile et engins), selon WorldSkills France.

Cette édition introduira un programme “Parcours+”, permettant à une cinquantaine de jeunes en situation de handicap de concourir dans 18 métiers, une initiative saluée par le ministère de l’Éducation nationale comme un exemple de bonne pratique en matière d’inclusion professionnelle. Les lauréats de cette compétition formeront la nouvelle Équipe de France des métiers, appelée à représenter le pays à Shanghai en 2026, puis à EuroSkills Düsseldorf 2027.

L’Europe, de son côté, prépare activement EuroSkills 2027, qui se tiendra à Düsseldorf du 22 au 26 septembre 2027, sur le site de la Messe Düsseldorf. L’événement, organisé conjointement par l’Allemagne et le Luxembourg, accueillera plus de 800 participants issus de 32 pays et devrait attirer 150 000 visiteurs professionnels, selo WorldSkills Europe et la Messe Düsseldorf.

Ces initiatives européennes et internationales témoignent d’une vision partagée : placer la formation technique et la valorisation des métiers au cœur du développement économique, social et industriel.

Un enjeu stratégique pour les décideurs et les entreprises

Pour les décideurs politiques, les responsables de la formation et les acteurs industriels, la montée en compétence des jeunes générations devient un enjeu de souveraineté économique. Dans les secteurs en tension — construction, énergie, mobilité, santé, numérique —, les pénuries de main-d’œuvre qualifiée freinent l’innovation et la productivité.

Les compétitions comme WorldSkills, WorldSkills France ou EuroSkills ne se limitent donc plus à la mise en valeur du talent individuel : elles servent de plateforme d’expérimentation des politiques publiques et de laboratoire de tendances industrielles. Elles permettent de détecter les nouvelles compétences clés, d’adapter les programmes éducatifs et de renforcer la collaboration entre les institutions publiques et le secteur privé.

Les grandes entreprises partenaires utilisent également ces événements pour identifier les profils émergents, ajuster leurs programmes de formation et investir dans des stratégies de “talent pipeline” à long terme. Cette approche illustre un changement de paradigme : la formation professionnelle n’est plus perçue comme une voie alternative, mais comme un pilier stratégique de l’économie moderne.

Une vision à long terme : compétences, innovation et durabilité

À Shanghai, dix talents chinois — dont Zhuang Qiufeng, Ke Shuichang et Xie Huixuan — ont été nommés “ambassadeurs des rêves”, incarnant la devise « Master Skills Change Your Future ». Cette initiative symbolise la volonté de relier les compétences techniques à des valeurs humaines : persévérance, créativité et contribution sociétale.

Dans un monde où l’intelligence artificielle, la robotisation et les transitions vertes redessinent les contours du travail, l’enjeu dépasse la simple transmission de savoir-faire. Il s’agit désormais d’apprendre à s’adapter, à collaborer avec la technologie et à créer de la valeur durable. Les WorldSkills, qu’ils se déroulent à Marseille, Shanghai ou Düsseldorf, deviennent alors le miroir d’un nouveau modèle mondial : une économie des compétences, inclusive, connectée et tournée vers l’avenir.

WorldSkills Shanghai 2026 ne se résume pas à une compétition. C’est un catalyseur de changement, un lieu de convergence entre politique publique, industrie et éducation. Dans un contexte où les métiers évoluent plus vite que jamais, cette édition mondiale réaffirme une vérité essentielle : l’avenir du travail dépend avant tout de la maîtrise des compétences.

EDITOR'S PICK:

Comments are closed.