L’UE s’engage à renforcer sa coopération avec le Burundi

Genève, 29-10-2012 — /europawire.eu/ — L’UE s’engage à renforcer sa coopération avec le Burundi

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Je me réjouis de voir réunis ici tant de partenaires burundais et amis du Burundi, du secteur privé et des bailleurs de fonds.

C’est un signe de l’engagement de la communauté internationale à continuer d’accompagner le Burundi sur la voie du développement, de la démocratie et des réformes économiques sur lesquelles ce pays s’est résolument engagé ces dernières années.

Nous devons nous féliciter du chemin parcouru. Le Burundi est aujourd’hui un pays en paix, même si cette paix reste fragile. La situation sécuritaire est stabilisée. Des progrès dans le domaine du développement ont été enregistrés. La démocratie a franchi une étape importante avec les élections en 2010. La prochaine échéance de 2015 se prépare déjà; l’UE est prête à assister ce processus dès maintenant, en tirant les leçons des élections de 2010.

Grâce à ces avancées, le pays dispose aujourd’hui d’institutions plus stables, ce qui constitue le fondement-même d’un développement durable. Un pays qui est devenu aujourd’hui un acteur engagé pour assurer la paix sur le continent en contribuant à la stabilisation de la Somalie. Nous adressons nos vifs remerciements au Gouvernement et au peuple burundais pour cet engagement et les sacrifices qu’il implique.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Le “Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté” 2e génération servira de cadre de référence à nos actions futures de coopération. Mon intention n’est pas de dresser ici un catalogue exhaustif de tous les secteurs d’intervention de l’UE, mais de clarifier certains aspects de nos actions futures, qui seront détaillées davantage lors des tables rondes.

L’instrument financier le plus puissant de l’UE est le 10e Fonds européen de développement, qui prendra fin en 2013. Nous venons de commencer les réflexions concernant le prochain FED, qui couvrira la période 2014-2020.

Aujourd’hui, je ne peux pas encore vous donner de chiffres. Mais je veux réaffirmer trois éléments importants qui sont au cœur de l'”Agenda européen pour le Changement” et qui régiront notre action future au Burundi:

1/ Nous voulons limiter le nombre de secteurs dans lesquels nous engager;

2/ Nous voulons concentrer notre aide dans des secteurs où nous avons une réelle valeur ajoutée;

3/ Nous voulons différencier entre pays partenaires de sorte à privilégier les “pays fragiles”, tel que le Burundi

Un domaine sur lequel nous allons concentrer notre action dans les années à venir est celui de l’énergie car l’insuffisance d’approvisionnement en électricité constitue un obstacle majeur au développement économique du Burundi, mais aussi, plus largement, de toute la région des Grands Lacs.

Concrètement, les négociations sont fort avancées entre l’UE, la Banque Européenne d’Investissement, la Banque Mondiale et le gouvernement burundais au sujet des barrages hydro-électriques des sites de Jiji et Mulembwe, ainsi que des lignes à haute tension qui relieront ces infrastructures au réseau national, représentant un investissement de l’ordre de 210 M€. Mais j’insiste sur le fait que ces grands investissements ne pourront avoir lieu sans des réformes en profondeur de la société nationale de gestion de l’eau et d’électricité REGIDESO.

Un autre domaine sur lequel nous allons concentrer notre action est celui de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition dont souffre une grande majorité de la population au Burundi. Le pays étant très vulnérable aux changements climatiques et autres facteurs externes, tels que le prix des denrées alimentaires, la situation pourrait s’aggraver. Aider le gouvernement à relever ce défi restera une priorité pour l’UE.

Mais, en liaison directe avec ce défi majeur, nous demandons au gouvernement burundais d’intensifier ses efforts pour maîtriser la question foncière, et pour établir une véritable politique de planning familial, en concertation avec la société civile dans toutes ses composantes.

Le retour d’environ 35.000 réfugiés burundais du camp de Mtabila en Tanzanie avant la fin de 2012 est un autre défi important. J’encourage le gouvernement burundais à prendre toutes les mesures nécessaires pour accueillir et faciliter la réintégration de ces Burundais et Burundaises qui doivent rentrer au pays. Nous sommes prêts à l’y aider en concertation avec le Haut Commissariat aux Réfugiés.

Enfin, un point sur les modalités de coopération. La discussion se poursuivra en temps voulu, mais je voudrais être très clair sur la question de l’appui budgétaire, qui doit reposer sur une relation de confiance entre les partenaires. Comme je l’ai déjà rappelé au deuxième Vice-Président qui partage mon avis, il doit être accompagné d’un réel dialogue politique, y compris sur les questions centrales liées à la gouvernance économique et démocratique. Il n’y pas de gouvernance sans développement; il n’y a pas de développement sans gouvernance. Et je suis heureux que l’agenda de cette conférence permette d’aborder ces sujets.

Sur la question de la gouvernance économique, je salue les efforts accomplis par le gouvernement dans le domaine de la lutte contre la corruption. Mais il reste beaucoup à faire pour que toutes les mesures prises produisent l’effet recherché: une politique et une justice fortes pour éradiquer ce fléau qui compromet l’avenir du pays. Ceci dit, je salue chaleureusement les progrès du Burundi dans l’indice “doing business” de la Banque mondiale.

La création récente de l’Office burundais des recettes est un excellent signal pour favoriser la mise en œuvre des réformes institutionnelles nécessaires à la lutte contre la corruption. Cet Office doit maintenant rapidement recevoir tous les moyens pour devenir efficace à court terme.

Sur la question de la gouvernance politique, la mise en place d’un appareil judiciaire indépendant et impartial est une nécessité absolue dans toute société démocratique. A ce titre, nous nous félicitons de la prochaine tenue d’Etats généraux de la justice, que nous sommes évidemment prêts à soutenir. Il est essentiel que les citoyens burundais aient confiance dans les institutions qui les gouvernent.

Pour ce faire, nous pensons que la lutte contre l’impunité doit être intensifiée. Un effort particulier doit être apporté à la question des commanditaires des exécutions extrajudiciaires documentées par le Bureau des Nations Unies au Burundi, et aussi des coupables de graves malversations économiques, et en particulier de corruption.

Concernant la Commission de vérité et de réconciliation (CVR) et le processus de justice transitionnelle, l’Union européenne soutient pleinement le principe de la réconciliation précédée par l’établissement des faits et suivie par la justice. Mais il revient bien sûr à la population burundaise et donc au gouvernement burundais, de décider des modalités de traitement de cette question très difficile. Nous nous engageons à soutenir l’approche que vous choisirez si elle répond aux standards internationaux.

Enfin, je voudrais aussi plaider ici pour créer les conditions d’un véritable espace public et politique, où toutes les composantes de la société puissent trouver leur place, que ce soit les autorités politiques en place, l’opposition extra-parlementaire, la société civile et la presse. Ceci est particulièrement important en vue des élections de 2015.

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

Au-delà des efforts de développement, c’est d’investissements dont le Burundi a aujourd’hui besoin. L’aide internationale n’a jamais – à elle seule – garanti le développement durable d’un pays. Le rôle des investissements privés et du commerce est crucial pour le développement du secteur productif, comme souligné par ailleurs aussi dans votre Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté. Au-delà d’une situation sécuritaire stable, c’est aussi d’une sécurité physique et juridique, d’une assurance de la protection des investissements dont le pays a besoin, ce qui n’est malheureusement pas encore pleinement le cas.

L’Union européenne a l’intention de rester le partenaire le plus important du Burundi, en étroite coopération avec le gouvernement lui-même, dans un cadre clair d’engagements réciproques et en coordination avec les autres partenaires, cela va sans dire.

Nous appuyons l’excellente idée du Gouvernement burundais d’organiser, après Genève, des conférences sectorielles de suivi qui permettront à l’Union européenne, dans le cadre de la préparation du 11ème FED, de bien cadrer les allocations prévues en fonction des priorités du CSLP II, qui constitue notre référence commune pour le développement futur du pays.

Je vous remercie de votre attention et souhaite plein succès à cette Conférence.

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